Le Pelem et les Tourelles
Le Pelem
Anne-Marie-Hyacinthe de Boisboissel habitait le château d'Olivet, près d'Orléans jusqu'en 1871. C'était sa résidence secondaire, probablement reçue en héritage de sa femme, rose-Lucy Van Hauterive. Il résidait cependant Guingamp où il était juge d'instruction.
Le château du Pélem, en Saint Nicolas du Pélem dans les Côtes d'Armor (voir la seigneurie du Pélem) appartenait au milieu du XIXème au colonel et marquis Sévère Loz de Beaucours.
Celui-ci était marié avec Aglaé de Cunchy, et le couple n'avait qu'une seule fille unique, mariée à un duc italien et installée en Italie. Son père Hippolyte Loz de Beaucours s'était marié avec Agathe née de Saisy Keranpuil en 1780. Le père d'Agathe, le comte de Saisy Keranpuil, était le grand père de Anne-Marie Julie du même nom, mère de Anne-Marie Hyacinthe. Aussi Anne-Marie-Hyacinthe de Boisboissel, était le neveu par sa mère du colonel Sévère Loz de Beaucours. C'est la raison pour laquelle, de son vivant, le colonel de Beaucours légua à son neveu le château du Pélem.
Lors de cet héritage, Anne-Marie-Hyacinthe se retrouva avec deux châteaux: la tradition veut qu'il avait peur de la rivière du Loiret près de son château d'Olivet, et qu'il craignait pour ses enfants. En outre ses racines bretonnes eurent raison de sa décision, il vendit Olivet à monsieur de Buchepot et s'installa au Pélem en 1871.
Les Tourelles
Anne-Marie-Hyacinthe
de Boisboissel
fut élu député des Côtes du Nord à l'assemblée nationale le 8 février
1871 en tant que monarchiste légitimiste. A ce titre, il connaissait
bien le comte de Chambord qu'il aurait tant voulu voir remonter sur le
trône de France sous le nom d'Henri V, après la chute du second empire
et sous le gouvernement provisoire qui précéda la troisième république
de 1871 à 1875. Ce dernier était le fils posthume de Ferdinand duc
de Berry (assassiné le 13 février 1820) et de Marie Caroline de
Bourbon (fille de François 1er roi des Deux Siciles) et par conséquent
petit-fils de
Charles X.
En 1871, Anne-Marie-Hyacinthe décida de vouloir honorer le prétendant au trône de France en l'invitant à Saint Nicolas du Pélem en son château, lorsqu'il serait sacré roi de France. Peut-être pour lui le Pélem n'était-il pas suffisamment élégant et raffiné, ou trop rustique et austère à son goût. C'est ainsi qu'il décida de construire les Tourelles, visibles actuellement dans le village, qui étaient destinées à être les fondations et la structure de base sur lesquelles reposerait un château XIXème, ayant tout le confort nécessaire pour un roi de France.
Malgré les objurations de son fils Edmond, inquiet à juste titre de voir fondre la fortune familiale, la construction commenca. Tout le village y participa. Notamment le cheval Télémaque qui fut le héros anonyme de cette épopée, en transportant la plupart des énormes blocs de granit du pays (provenant du bois du Faoudel) pour la construction. Malheureusement Henri refusa d'être sacré roi le 23 octobre 1873, refusant le drapeau tricolore et lui préférant le drapeau blanc. Il avait déclaré le 6 juillet 1871: "Je ne laisserai pas arracher de mes mains l'étendard d'Henri IV, de François 1er et de Jeanne d'Arc. C'est avec lui que s'est faite l'unité nationale... Il a flotté sur mon berceau, je veux qu'il ombrage ma tombe... Français! Henri V ne peut abandonner le drapeau blanc d'Henri IV".
C'est ainsi que la construction des Tourelles s'arrêta, inachevée, ayant englouti une bonne partie de la fortune familiale d'ailleurs...
Cet ouvrage privé reste cependant extrêmement intéressant tant par son histoire que par sa forme et la superbe vue qu'il offre de sa hauteur d'où l'on peut admirer les crêtes morbihannaises au delà de Gouarec et la chapelle de Guirmané à 16 kilomètres de là. Il est cependant interdit de le visiter d'en haut pour des raisons de sécurité.
Les Tourelles en 2005
A noter que depuis 2009, Gérard de Boisboissel, dans le respect exact de la construction initiale, a entrepris de sécuriser le site par l'ajout de pierres à l'édifice sur les parties les plus dangereuses, et par le rajout de quelques merlons sur la tour Ouest.
Les Tourelles en 2012
Le Pélem a été placé à la toute fin du XXème siècle, sous la protection de Notre Dame du Pélem, dont la statue de granit réalisée par le sculpteur Fabrice Lentz est placée à l'arrière du château. Voici le chant en Breton réalisé par le père Lec'hvien, recteur de Rostrenen, à l'occasion de la consécration du Pélem à la Vierge Marie, Notre Dame du Pélem.
Le refrain est repris du chant traditionnel "Ni ho Salud".
Ni ho salud, Rouanez an Aelez, C'hwi zo hon Mamm, ar Vamm a drugarez, Hon holl douster, buhez hag esperans, Ni ho salud, gant kalz a reverans.
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Nous vous saluons, Reine des Anges, Vous êtes notre Mère, la mère de miséricorde, Toute notre douceur, notre vie et notre espérance, Nous vous saluons, avec une grande révérence.
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Gwerc'hez Pelem, miret ho pugale, O diwallit ouzh ho treid holl bodet, Ha teurvezit reiñ dezho unanet An holl c'hrasou o devo goulennet.
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Vierge du Pélem, veillez sur vos enfants, Protégez ces derniers à vos pieds rassemblés, Et daignez donner à ceux-ci réunis Toutes les grâces qu'ils vous demandent.
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C'hwi, hon Itron, gouarnerez ar c'hastell, Gwarezit-eñ hag e annezidi, Ma vo bepred, emmañ ha tro-war-dro Divrall ar Feiz en ho Mab, hor Salver.
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Vous, notre mère, gardienne du château, Protégez celui-ci et tous ses occupants, Afin que pour toujours, ici et tout autour Solide soit la Foi en votre Fils, notre Sauveur.
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