Un chevalier breton parmi les
chevaliers français à Azincourt
La tragique bataille d'Azincourt
Revendiquant le trône
de France,
Henri V d'Angleterre débarque en Normandie en août 1415, à la tête
d'une
armée d'environ 11 000 hommes. Après s’être emparé de
Harfleur en
septembre, et affaibli par les maladies et difficultés de
ravitaillement, il
décide de rejoindre Calais, possession anglaise, pour regagner
l'Angleterre.
L’ost royal Français est appelé, sous les ordres du connétable Charles d'Albret, et cherche à lui bloquer sa retraite. La bataille du 25 octobre 1415 est tristement célèbre : probablement plus de 13 500 français affrontent moins de 9000 anglais. Au pied de la colline et dans la boue après les fortes pluies de la nuit, coincés entre deux forêts, les chevaliers français font face au tir nourri des « long bows » anglais qui les pousse à attaquer. Leurs charges isolées se brisent sur la ligne de pieux acérés dressée par les Anglais. Puis l’assaut principal, à pied, devient un chaos total où les Français ne parviennent pas à se désembourber, obligés de baisser la tête face aux flèches et incapables de lever leurs armes dans cette mêlée trop serrée. La victoire anglaise est totale, mais Henri V, qui craint une contre-attaque du duc de Bourgogne Jean sans Peur, ordonne le massacre des prisonniers. Il fera également massacrer le lendemain le restant des blessés qui ont survécu.
Maurice de Boisboissel y fut tué le 25 octobre 1415, avec le contingent breton qui participa à la bataille, emmené par le comte Arthur de Richemont, frère de Jean V et futur duc de Bretagne lui-même. Arthur de Richemont était arrivé à Rouen en octobre avec sa troupe sous les ordres du sire de Combourg, soit entre 500 et 600 chevaliers. Il est dit que beaucoup de ces chevaliers bretons périrent en première ligne.
Le duc de Bretagne de son côté s’était engagé au côté des Français mais s’il se déplaça à la tête de 10 000 chevaliers et écuyers, il ne participa pas à la bataille car il stationnait encore à Amiens lorsque celle-ci commença. C’est donc l’avant-garde bretonne d’Arthur de Richemont qui représenta tragiquement le duché à Azincourt, où Arthur fut un des rares survivants à cette bataille, laissé pour mort mais retrouvé vivant sous trois cadavres, et épargné car reconnu aux hermines qu’il portait (comme Maurice de Boisboissel d’ailleurs !) avant de partir pour 6 années de captivité.
Maurice de Boisboissel a-t-il périt sur le corps du frère du duc de Bretagne, comme l'avait fait en 1347 Chesnin de Boisboissel (ou Thibaut) à la bataille de la Roche Derrien pour protéger Charles de Blois ?
Un Boisboissel est
donc mort avec
la fine fleur de la chevalerie française dans cette tragique bataille.
Tout
comme la devise des Chateaubriand, on peut dire que « son sang a
teint les
bannières de France ».
Azincourt, appelé Gicourt (et parfois Gicoint)
Maurice de
Boisboissel fut
longtemps indiqué dans les textes comme décédé à la bataille de
Gicoint. Or les récents travaux de M. Jacques-Henri Clément indique que Gicoint est une
mauvaise transcription
du XIXè du mot Gicourt, mot qui vient de la prononciation anglaise du
mot
Français Agincourt, c’est-à-dire Azincourt.
Voir à
cet
effet son article "Gens du Penthièvre morts lors de
certains épisodes de la guerre de Cent ans" (2018:
tome CXLV de la société
d'émulation des côtes d'Armor
Les comptes de la seigneurie de Montcontour indiquent un minus de rachat, c’est-à-dire un inventaire après décès concernant Maurice de Boisboissel. Son fils héritier Jean, devait payer une année de rente à son suzerain, amputé du tiers réservé à la part de la veuve, c’est-à-dire l’équivalent de nos frais de succession actuels.
Voici sa
traduction :
« Du
rachat de défunt Morice du
Bouesbouexel décepdé à la bataille de Gicourt, raporté ad ce receveur
par Jehan
du Bouesbouexel filz ainzné et hair principal dicelui déffunt ;
vault
sellond le minu raporté ad ce receveur, 12 livres 2 sous. Sur quoy est
a
rabatre la tierce partie appartenant à la famme du dit défunt et ce
rabatu
demeure à cler : 8 livres 16 deniers.
(en marge :
« Apparu de
l’(h)ommage fait avenanment et rendu minu.
Nota : Il a apparu aucune
quittance de Aliete de la Roche d’avoir joy de 4 livres 8 deniers pour
son
douaire qui ne suffist pas. Si lui est enioint la rendre
valable »). (Remerciements à M. Jacques-Henri Clément pour ses recherches et la transcription de cet acte).