L'armée de Condé

 

La formation de l'armée du prince de Condé, au service du roi

Le prince de Condé, cousin du roi, organisa en Allemagne une armée principalement composée de nobles, d'anciens officiers, de bourgeois ou de magistrats, tous d'un très élevé degré d'éducation. Elle débute le 19 avril 1791, lorsque 27 officiers du régiment de Beauvoisis sont présentés au prince. Puis le comte d'Artois arrive avec 400 gentilhommes le 12 juin. Le 4 janvier 1792 à Ath, Laurent-Charles de Boisboissel, qui était à l'époque sous-lieutenant au régiment de Boulonnais rejoint le prince avec une partie des officiers de son régiment, et se retouve à Bingen, dans des conditions de cantonnement très difficiles, les princes Allemands se méfiant de ces soldats, bien que ceux-ci fassent tout pour ne pas se montrer hostiles au pays qu'ils traversent.

Cette troupe est cependant disparate: avec une concentration énorme d'officiers, la discipline est difficile, "des officiers élégants, devenus tout à coup soldats par dévouement pour la Monarchie, mais un corps où personne ne voulait nettoyer son fusil, ni faire l'exercice, mais où chacun était prêt à se faire tuer et était d'une bravoure à toute épreuve". (chevalier d'Hespel). Les titres et les galons abondent. Seulement l'armement est faible, même si des fusils et des canons aient été achetés à l'Angleterre.

Cette armée poursuit deux buts: entrer en France en avant garde des souverains étrangers coalisés pour sauver Louis XVI, soit le recevoir et le protéger dans le cas où celui-ci parvient à s'échapper.

Laurent-Charles est reçu à la compagnie des officiers d'Armagnac le 28 février 1792 en tant que sous-lieutenant (il avait été nommé le 25 septembre 1785 à ce grade dans le Boulonnais infanterie). Il est reçu dans la compagnie des officiers du régiment de Monsieur le 18 mai 1792.

Il est breveté lieutenant le 25 septembre 1792. En 1793, il est chasseur noble à la compagnie Bourbonnais (n° 5) de la 6ème Division (Salgues) du 1er bataillon de la seconde brigade commandée par le lieutenant-général Gelb.

Les combats

Le 19 Août 1793, l'armée de Condé s'empare de Jockgrim, Wörth et Pfotz, le long du Rhin. La contre attaque des patriotes de nuit sera repoussée, et permit à l'armée de Condé de s'emparer de Hagenbach et Büchelberg: les pertes républicaines sont lourdes: 3000 hommes et 18 canons. L'armée de Condé est alors mise à l'ordre de l'armée autrichienne.

Le 13 octobre 1793, les lignes de Wissembourg sont attaquées: en 4 heures de temps, 39 redoutes sont enlevées, les patriotes perdent 6000 hommes, 33 canons et 14 étendards. L'infanterie noble s'empare de Otterbach, Heyhof et Schweighofen. ils y défileront drapeau blanc déployé en chantant: Vive le Roy!

C'est alors que Pichegru et Hoche prennent le commandement des armées patriotes, et que les Prussiens et Autrichiens ont du mal à se coordonner: ils se font attaquer et reculent le 1er décembre, avant de contre attaquer le 2 à Berstheim et enfoncer les lignes patriotes. La 5ème compagnie s'y distingue. Les patriotes perdent 1000 hommes, et 7 canons. La bataille s'y poursuit néanmoins jusqu'au 8. Le front est percé le 22 décembre.

S'ensuivent 2 années d'attente, médiocres, sans engagements pour l'armée de Condé. Les engagements reprennent après la visite du roi Louis XVIII le 28 mai 1796 qui passe les troupes en revue, dans une grande allégresse. Moreau attaque le 25 juin, et l'armée de Condé attaque le 13 août à Oberkamlach afin de bloquer l'avance des patriotes mais les pertes sont terribles, même si les républicains laissent 800 hommes sur le terrain. Mais un certains nombre de soldats Condéens commencent à fraterniser avec l'armée de la Nation et commencent à quitter le prince. Le 2 octobre, l'armée de Condé par une manoeuvre hardie prend position sur une hauteur pour couvrir la retraite de l'armée autrichienne. Le 21 octobre, ils attaquent Steinenstadt, village défendu par 1500 hommes et 2 canons, 1 obusier. C'est alors que Laurent-Charles de Boisboissel est blessé le 24 octobre 1796 à Steinenstadt par une balle qui lui fracasse le coude gauche et le laisse estropié. Le village sera pris cependant.

Il est reçu par le prince de Condé le 5 janvier 1797 qui le fait chevalier de l'ordre de Saint Louis. Le prince a alors 2431 effectifs encore présents dans son armée.

Dans les 2 années 1797 et 1798, l'armée de Condé ne participe à aucun engagement mais est accueillie par le Tsar Paul 1er. Enfin le 25 janvier 1799, les Condéens rejoingent les forces russes en Galicie. Laurent-Charles est de nouveau opérationnel. Le 7 octobre 1799, un furieux combat de rue les oppose à la division Gazan, dans Constance, ils rétrogradent à l'issue.

Début 1800 le moral est très bas, et beaucoup abandonnent. C'est ainsi que le 1er janvier 1801, comprenant 123 officiers et 823 hommes de rang, 169 hors rang, l'Angleterre décide de dissoudre ce corps en raison de la paix qu'elle a signé avec la France. Le 1er mai 1801, le corps est dissout.

Laurent-Charles de Boisboissel qui depuis le début 1801, sa blessure s'étant rouverte, était obligé de rester au repos sera donc licencié en mai 1801, après près de 10 années passées dans cette unité où le froid et la misère furent plus douloureusement sentis que les actions d'éclat au combat, mais où l'honneur de servir son roi ne fut jamais mise en doute: bel exemple de fidélité !

L'ensemble de ces textes est issu de l'ouvrage de Mr François Grouvel sur l'armée de Condé et sur Laurent Charles François de Boisboissel

L'ordre du Phénix de Hohenlohe.

Le prince Ernest de Hohenlohe-Waldenburg-Schillingsfürst décida de fonder un Ordre de sa maison le 29 décembre 1757: d'une famille remontant au XII ème siècle (un ancêtre fut à Bouvines), il était devenu prince du Saint Empire le 21 mai 1744 et sa terre érigée en principauté en 1757. Originellement cet ordre était destiné aux seuls membres de sa maison et à leurs alliés pour resserrer les liens d'amitiés entre eux.

En mars 1792, le prince Ernest-Leopold accueille dans ses états la légion Mirabeau qui se battit au côté de l'armée de Condé. Les troupes du prince se joindront même à l'armée de Condé (combats de Berstheim), et le régiment Hohenlohe sera lui aussi licencié en 1801.

Le 4ème grand maître, Louis-Aloys-Antoine-Joachim de Hohenlohe-Wardebburg-Bartenstein charge lui même les républicains à Berstheim, il sera fait chevalier de Saint Louis par Monsieur, et Louis XVIII le nomma inspecteur général de l'infanterie et il recevra le château de Lunéville. Il créa en 1799 une branche française de l'ordre du Phénix, qui fut décernée à des officiers allemands et français des régiments de Hohenlohe ayant servi à l'armée de Condé, ainsi qu'à des émigrés de valeur ou méritants.

C'est à ce titre que Laurent-Charles de Boisboissel fut décoré de cet ordre (archives de Hohenlohe-Schillingsfûrst). A cet effet il dut faire preuve de sa noblesse, document remis par le directeur du nobiliaire universel de France (de Saint Allais).

La décoration est de croix d'or à 4 branches égales pattées, la partie supérieure de chaque branche en demi-cercle au milieu, émaillées de blanc et liserées d'or. Sur chaque branche une inscription, "Ex" "Flam" "Cla" Rior". Au centre, carré de flames d'or, portant en son milieu un Phénix stylisé d'émail blanc.

Ordre du Phénix de Hohenlohe, faces avant et arrière

Une anecdote à ce propos: lors de l'occupation de la France en 1940, les Allemands occupèrent le Pélem (Saint Nicolas du Pélem) et ne firent pas grand mal si ce n'est vider la cave et piller quelques archives familiales en Allemand ! Ce sont en autre les papiers officiels de la remise de l'ordre à Laurent-Charles de Boisboissel. Ils furent restitués à la famille au début du XXIème siècle.

 

Il fut aussi décoré de l'ordre du Lys, institué par Louis XVIII en 1814

Ordre du Lys, institué par Louis XVIII: croix de chevalier et médaille fantaisie

Et également fut fait chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint Louis

croix de chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint Louis, faces avant et arrière

 

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