La transmission de la seigneurie de Boisboissel

 

La seigneurie de Boisboissel, seigneurie de la branche aînée, passa par mariage dans la maison du Rouvre au XIV ème siècle, puis de là au XVIIème dans celles de Bréhant de l'Isle qui se fondit dans celle des Maillé.

 

Pierre de Boisboissel est le dernier Boisboissel du nom à posséder la seigneurie. D'après son testament, il apparait que son héritier désigné est Hélie du Rouvre (appelé dans celui-ci Elyot de Matelien, seigneur du Roure ou Helia de Matelein, dom. de Roure, miles, et heres principalis). Pierre étant mort en 1364 à la bataille d'Auray, la seigneurie est certainement passée au Rouvre à son décès. Il est probable que Pierre n'avait pas d'héritier, mais une soeur qui épousa Helie du Rouvre. Voir le chapitre consacré à Pierre de Boisboissel.

 

Les Rouvre

Hélie du Rouvre est qualifié de "sieur de Boisboissel" le pénultième jour d'Avril 1381 lors de la ratification du traité de Guérande (réconciliation du duc de Bretagne avec le jeune roi charles VI) par la noblesse, l'évêque de saint Brieuc et le capitaine Hélie du Rouvre qui représente à cette occasion les bourgeois de Saint Brieuc.

Le 16 février 1395, Robin de Mutilien , seigneur du Rouvre et du Boisbouessel , étant décédé , Etienne Goyon , aïeul du fils ainé, encore mineur , de ce défunt , fournit au sire de Chateauneuf le minu de la seigneurie du Rouvre dont héritait le jeune homme (archives du chateau de Chateauneuf). Ce Robin de Mutilien devait etre le fils d' Elie (ou Hélie) de Mutilien appelé communément Elie du Rouvre et il avait épousé une fille d' Etienne Goyon. Quand au jeune héritier du Rouvre, ce dut etre Eustache du Rouvre que la réformation de 1424 nous présente comme seigneur de Bois-Bouessel. Du reste sa fille Jeanne du Rouvre , dame du dit lieu, dans un procès soutenu en 1480, nous apporte la preuve de la filiation précédente en déclarant elle-même que la seigneurie du Bois-bouessel lui est "adevenue par succession", les sires du Rouvre l'ayant occupée chacun de son temps , scaoir eustache , Robin et Elie" (d'après une information de Mr Patrick Brangolo)

On cite un « Alain du Boaisboexel » qui obtint le 26 août 1395 aux états de Rennes un mandement pour « avoir justice patibulaire à deux postz en ses terres ou regaires de Sainct Brieuc » (Dom Morice, Preuves, t. ii, col. 655). Etait ce même Robin du Rouvre cité plus haut? Dans le cas contraire, Alain serait à rattacher à la famille des Boisboissel, mais il semble difficile d'expliquer un tel droit de justice pour lui auquel cas alors que la seigneurie est passée aux Rouvre.

Il semblerait que cette famille soit parfois appelée Rouvray.

Notes complémentaires sur la maison du Rouvre

La première représentante connue des Matelein pourrait être « Florida de Musterjan & filii ejus scilicet Gaufridus Gailglip & Rochardus & Guillelmus » dans un acte du cartulaire de l'abbaye de Vieuville datant du milieu du XIIe siècle. L'enquête par tourbe d'octobre 1181 évoque les « heredes Odonis de Musterian » (J. Allenou, Histoire féodale … de Dol, op. cit., p. 62, n. 137). Le samedi 22 septembre 1240, « Elyot de Mustelian » est un des quatre arbitres d'un accord entre le seigneur de Combour et l'évêque de Dol (Arthur Le Moyne de la Borderie, « Essai de géographie féodale : Le régaire de Dol et la baronnie de Combour », BMSAIV, t. ii, 1862, p. 150-219). En août 1266, « domino Holie de Mustiliano » est témoin de l'hommage lige rendu par Geffroy, seigneur de Montbourcher à Hugues de Lésignon, seigneur de Fougères (Jacques Aubergé, Le cartulaire de la seigneurie de Fougères… , 1913, 288 p. (no xii)). Le même est cité dans une enquête au parlement de Paris vers la Pentecôte 1269 (A-A. Beugnot, Les olim… , op. cit., t. iii, vol. 1, p. 294). Il est aussi l'un des exécuteurs testamentaires de Jeanne, héritière de Fougères le lundi 20 mai 1269 : « mosor Helies de Mustelien » (Élie Berger, Layettes du trésor des chartes, t. iv, 1902, lxxv-593 p. (p. 343)). Il est cité le lundi 18 avril 1271(2) dans un compte ducal : « d. Heliæ de Mustelien » (Dom Morice, Preuves, t. i, col. 1009 : anno mcclxxi [...] die de lunae in carstinum ram. palmarum, comput[avit] senesc[allus] Penthevriæ de terra d. Heliaæ de Mustelien) . D'Argentré donne « Jean de Mutilien » comme un des six compagnons de du Guesclin à l'escarmouche de Montmuran le jeudi 10 avril 1353(4) (B. d’Argentré, L’histoire de Bretagne ..., op. cit., 324 ro). Un compte de 1357-1361 mentionne « un nouveau capitaine [d'Evreux ?], Guill. de Mutelien » (Michel Nortier, Les Sources de l'histoire de la Normandie à la Bibliothèque nationale de Paris, 1971, p. 387) . Le même chevalier avait en charge la garnison de Sacey en mars 1358(9) (Siméon Luce, Histoire de Bertrand du Guesclin et de son époque : La Jeunesse de Bertrand (1320-1364), 1876, vii-624 p. (pièce justificative no xvii d'après Archive Nationales JJ 86, no 608, fo 224) . la montre de Guillaume Chastelain de Beauvais devant Brest le 1er juin 1368 cite l'écuyer « Raoul de Rouveray » (Dom Morice, Preuves, t. ii, col. 65)

Messire Helie du Rouvre fut à la montre d'Henry de Pledran, chevalier à Dreux le 10 avril 1371, à toutes celle de du Gueslcin du 1er juin au 1er novembre 1371, à celle de Geoffroi de Kerrimel devant Brest le 1er juin 1373 et enfin à celle d'Olivier de Clisson à Vannes du 1er janvier au 1er juin 1376 (Michael Jones, Letters, orders and musters of Bertrand du Guesclin : 1357-1380, 2004, liii-415 p. (appendix i, p. 344) et dom Morice, Preuves, t. i, col. 1649 et t. ii, col. 64, 100, 101, 103 et 172). Il apparaît encore dans l'association de la noblesse contre l'invasion du 25 avril 1379 : « Elie de Mutilien » (Dom Morice, Preuves, t. ii, col. 214). Nous le trouvons enfin à la signature du traité de Guérande le 29 avril 1381 à Saint-Brieuc : « Hely du Rouvré, sieur de Boisboëssel, chevalier, capitaine de Saint Brieuc des Vaulx » (Dom Morice, Preuves, t. ii, col. 277).

Eonnet et Alain du Rouvre sont chevaliers bacheliers dans les montres de du Guesclin, respectivement du 1er mai et 1er juin 1371 (M. Jones, Letters, orders and musters of Bertrand du Guesclin : 1357-1380, 2004, liii-415 p. (appendix i, p. 344)) . « Jacquet de Rouvroy » reçoit vingt livres du roi le 18 novembre 1379, on le retrouve avec « Jehan de Rouvroy » à la montre de Nicole Paynel à Arras le 18 juin 1385 (Dom Morice, Preuves, t. ii, col. 410 et 492). « Le 16 février 1395, « Robin de Mutilien, seigneur du Rouvre et du Bois-Bouessel, était décédé », Etienne Gouyon, aïeul du fils ainé, encore mineur, de ce défunt, fournit au sire de Châteauneuf le minu de la seigneurie du Rouvre dont héritait le jeune homme » (Amédée Guillotin de Corson, Les petites seigneuries de Haute-Bretagne, rééd. 1999, 306 p. (p. 239-40 d'après les archives du château de Châteauneuf)). De plus, le registre de la chancellerie bretonne au 07 avril 1407(8) contient une « sauvegarde pour messire Eustaisse de la Houxaie, en son nom et comme garde de Estienne du Rouvre, sire du Boais Boessel, filz de feu Robin du Rouvre, dont il avait la garde » (R. Blanchard, Lettres et mandements de Jean v… , op. cit., no 499). Or « La plus ancienne réformation, celle de 1426, donne comme propriétaire du Bois-Bouessel, Eustache du Rouvre » (J.-H. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélémy, Anciens évêchés de Bretagne, op. cit., t. ii, p. 246). De plus, lors d'une déclaration du 17 avril 1480, « Jehanne [du Rouvre] soutient que sa famille et celle de son mari, « attaignent de lignage à plusieurs grands seigneurs de ce pays, barons, bannerets, bascheliers, chevaliers, escuyers et gens d'Estat ». Après avoir montré que la terre et seigneurie du Bois-Bouessel est « ancienne et grandement noble », elle déclare que cette terre lui est venue par succession, les du Rouvre l'ayant occupée chacun en son temps, savoir, Eustache, Robin et Elie. Elle ajoute que sa terre a « une grande valeur, de 300 à 400 liv. de revenu ! ». Grâce à l'armorial de Navarre, composé vers 1368-1375, nous savons que Jean de Mutilien, cité ci-dessus, blasonnait d'argent à la bande de gueules, à six merlettes du même en orle et qu'un cadet portait un lambel d'azur en brisure (Martine Fabre, Héraldique médiévale bretonne : Images personnelles (vers 1250-1500) armoriaux, sceaux, tombeaux, 1993, 2 vol. (p. xvii, no 2754 et 2755)). Le recueil factice de Guérande donne à Helie du Rouvre d’argent au sautoir de gueules, accompagné de quatre merlettes de sable (Id. ibidem, p. et no 1141). En 1414, un du Rouvre avait le grade de chevalier banneret (Dom Morice, Preuves, t. ii, col. 906 : messire Jehan de Rouvray, chevalier banneret & dix escuiers).

Les Bréhand (ou Bréhant)

La transmission de la seigneurie aux Bréhand est actée au 7 juillet 1583, lors du contrat de mariage de Jacquette (ou Jacqueline) du Rouvre, fille de Bertrand du Rouvre seigneur du Rouvre et de Boisboissel, avec Jean de Bréhand, seigneur de l'Isle.

Le dernier Bréhand possesseur du bois Bouëssel fut le marquis Marie-Jacques, vicomte de l'Isle, mort maréchal de camp et inspecteur général de l'infanterie en 1765, après avoir pris part aux batailles de Fontenoy, de Raucoux, d'Hastembeck et à un grand nombre de sièges et d'actions militaires où partout il se distingua.

 

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