Légendes sur l'origine de la famille de Boisboissel


Rigwal ou Riwall, premier seigneur du Boisboissel ?

Certains auteurs font descendre les Boisboissel du Comte Breton Rigwal (ou Riwall, ou Riwallon), mort vers 520, qui vint se fixer dans le pays de St Brieuc au début du VIème siècle. Ce dernier est aussi appelé Riwall Meur Marzou, c'est-à-dire Riwall aux grandes merveilles. Originaire de la Domnonée insulaire de Grande Bretagne, Rigwall serait venu s'établir en Armorique avec une grande flotte de bateaux au temps de Clothaire, fils de Clovis, et aurait assuré sa domination sur le nord de la Bretagne. Il fut même nommé dux Britannorum, chargé de veiller à la sécurité des côtes de la Manche infestée de pirates saxons. Grégoire de Tours indique qu'il reçut du roi mérovingien le titre de comes, c'est à dire comte, et qu'il lui resta loyal (Les grandes heures de la Bretagne, Jean Markale, Pygmalion, p. 128). Il est aussi indiqué comme fondateur d'un royaume double en Bretagne et en Armorique (Chronique de Saint-Brieuc au XIVème et Louis Lemoine et Bernard Merdrignac, Corona Monastica: Moines bretons de Landévennec, histoire et mémoire celtiques, PUR, Rennes).

Aucune preuve matérielle ne peut, à l'heure actuelle, établir cette filiation entre Rigwal et les Boisboissel, cependant nous pouvons citer J. Geslin de Bourgogne, dans son ouvrage "Anciens évêchés de Bretagne":

"Malgré la destruction des archives de Quicangroigne, nous ne craignons pas d'avancer que plusieurs des faits relatés jusqu'ici resteraient inexplicables si l'on ne considérait pas le fief de Boisbouëssel comme antérieur à celui du Chapitre, si l'on n'en cherchait l'origine dans le territoire du Comte Breton Rigwall, l'hôte et le parent du saint fondateur de ce diocèse, Saint Brieuc. Sans cela, le domaine eût-il enveloppé toute la Mense capitulaire, et l'eût-il même scindé en deux en pénétrant dans la ville? Comment ce seigneur eût-il possédé deux fours à ban dans la cité épiscopale, tout aussi bien que l'évêque et les chanoines? Comment serait-il resté en possession des droits de patronage sur l'église paroissiale?

Pourquoi en un mot la position exceptionnelle qui lui était faite, pourquoi les privilèges qui lui étaient dévolus, à l'exception d'autres plus puissants dans le Turnegouët ? (Turnegouët: entre Urne et Gouët près de Saint Brieuc)

Le fief canonical était presque enveloppé par les possessions du Bois Boissel, c'est à dire par le territoire de Rigwal. Le sire de Boisboissel, qui possédait presque toute la rue du Poher, avait un four à ban près du monastère."

(J. Geslin de Bourgogne, "Anciens évêchés de Bretagne")

Il est également mentionné que la terre du Bois-Bouessel serait l'ancien séjour du comte Riwal (Ogée, 1853, p. 719).


Le proverbe de Saint Brieuc: "Avant qu'à Saint Brieuc n'y eut fumée, Boisboissel y avait moustier"

Un tel proverbe accrédite le fait qu'il y eut une certaine unité de lieu entre les terres où vivait le seigneur Rigwal et les terres qu'occupaient les seigneurs du Bois-Boissel. Citons par exemple que le château de Boisboissel habité par Juhaël Le Prevost, chevalier, seigneur de Boisboissel, se trouvait en 1317 "à un demi quart de lieu de Saint Brieuc, et avait été la demeure du comte Rigwal ou Riwalon, un des anciens souverains de la Bretagne. (Annales briochines, par M. Ruffelet, chanoine de Saint Brieuc).

Ce château pourrait être situé sur un site présumé castral dans le bois-Boissel au nord-ouest de Saint-Brieuc, (re)découvert en 2017, à 500 mètres de la cathédrale, et qui domine une rivière affluente du Gouët et à quelques encablures du point de passage du fleuve au Pont du Gouët.

Une autre hypothèse formulée est qu'il se trouverait au lieu dit Kerdenoual, sur un des points culminant de Saint-Brieuc. Ce manoir correspondrait à l'antique retranchement de "Ker denn Wall : la demeure de l'homme gallois" appelée depuis le donjon de Kerdenoual, abattu en 1800. (Jean Bienvenu, des fortifications à Saint-Brieuc au Moyen-âge?: des nouvelles données, Association Bretonne 2010, p96 et 97).

 

Les liens de Rigwal avec l'évêque Brieuc

"... Saint Brieuc voit un terroir arrousé de plusieurs belles fontaines, entouré de deux gentilles rivieres, anciennement dictes le Trieu et Arguenon, et maintenant Gouët et Goidy, un beau port appelé jadis le port de Cesson, auiourd'hui dit Legué, les vallées d'alentour enrichies de belles prairies : il juge ce lieu devoir être fertile, et regrette que l'industrie et le bonheur de quelques habitants n 'a eu soin de le cultiver. "

A part la fantaisie géographique qui a fait du Trieux et de l'Arguenon les anciens noms du Gouèt et du Gouédic, cette description ne convient-elle pas, en beaucoup de points, à la délicieuse vallée que couronnent les collines ombragées du Bois-Boissel? Dans ce lieu habitait un Breton insulaire, Rigwal, qui, fuyant devant les Saxons, s'était établi depuis peu avec son clan sur la côte armoricaine. Ainsi se faisait la double invasion de l'Armorique par les Bretons : moines et guerriers s'y donnaient rendez-vous et y étaient accueillis non comme des conquérants mais comme des frères, car les deux peuples étaient également les descendants des vieux Celtes. (Jules Lamare, Histoire de la ville de saint Brieuc, ed. de la Tour Gile)

Rigwal était un exilé originaire de Grande Bretagne, fuyant les invasions Saxonnes et Angles. Il résidait sur le littoral, au champ du Rouvre, c'est-à-dire au champ de l'arbre, quand on lui annonça l'arrivée d'une troupe d'étrangers. Tout d'abord, il ordonna de les saisir, mais frappé d'une douleur subite et croyant voir dans ce mal un avertissement du ciel, il prit de meilleurs sentiments et fit amener Brieuc en sa présence. Il le reconnut comme son parent et, pour le remercier de l'avoir guéri, il lui donna sa maison et sa terre, où Brieuc et ses compagnons bâtirent d'abord un oratoire, puis un monastère.

... Puis Brieuc descendit la colline où il s'était d'abord établi et de l'accomplissement d'un petit oratoire il passa sans délai à l'entreprise d'un couvent, qu'il batît dans le palais même que Rigwal lui avait donné. On devine ce que devait être ce palais bâti, au Ve siècle, par un émigré, au milieu des bois. Si l'on en croit la tradition, il s'élevait au sud de la cathédrale, dans l'emplacement qu'occupa jusqu'à la Révolution l'ancien manoir épiscopal.

Rigwal, qui s'était retiré à Hillion, fut assisté par Brieuc à son lit de mort et ajouta un domaine considérable à celui qu'il lui avait déjà donné.

(Jules Lamare, Histoire de la ville de saint Brieuc, ed. de la Tour Gile)

 

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