Pierre du Bois de Gennes

Officier artilleur

Officier de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre 1914-1918,

Croix du Combattant, Médaille interalliée, Médaille commémorative de la grande Guerre, Médaille commémorative Française de la guerre 1939-1945, Médaille des blessés, Croix des Services Militaires Volontaires devenue Croix du Mérite Militaire, Médaille de Verdun

1896 - 1962

 

Pierre de Gennes est né à Desvres le 14 novembre 1896. Comme ses frères André et Jean, il fait ses premières études chez les Dominicaines d'Auteuil, puis ses études secondaires chez les Jésuites, il est reçu bachelier ès-lettres le 20 mars 1915 à l'Ecole Sainte-Geneviève de Versailles.

Mobilisé le 11avril 1915, il est appelé au 41e régiment d'artillerie et envoyé au camp de la Braconne (Charente). Il est nommé brigadier le 27 janvier 1916, puis maréchal des logis le 25 mars 1917. Il reçoit sa première citation le 7 mai 1917 à l'ordre du 268e régiment d'artillerie :

" Le 24 avril 1917, un projectile ennemi ayant mis le feu à un abri de munitions voisin de sa pièce, s'est précipité spontanément en dehors de son abri sous un bombardement violent pour arrêter l'incendie. Est parvenu par son courage et son sang froid à éviter l'explosion d'une quantité de munitions considérable. "

Il entre à l'Ecole d'Artillerie de Joigny et est reçu 13e sur 204 au concours d'officier le 5 octobre 1918. Il est alors nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Retourné au front, il s'y distingue et est cité le 20 novembre 1918 à l'ordre du 38e Corps d'Armée en ces termes :

" Jeune officier d'une haute valeur morale; a, dans des circonstances particulièrement difficiles, mené à bien la mission délicate d'établir une pièce sur une position avancée et violemment bombardée; dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre , alors que la position de batterie était violemment bombardée, a fait preuve des plus belles qualités de courage et de sang froid. "

Cette citation lui vaut la Croix de Guerre.

Il eut à souffrir durement de la guerre, avec les pieds gelés, blessé à la main droite, les tympans éclatés par l'explosion d'obus, et surtout il est gravement gazé par l'ypérite dont il garde toute sa vie des séquelles pulmonaires. Il est démobilisé le 22 septembre 1919.

Il poursuit une carrière d'officier de réserve, étant confirmé sous-lieutenant à titre définitif le 26 novembre 1919, puis promu successivement lieutenant le 6 novembre 1923, capitaine le 25 décembre 1934, et chef d'escadron le 1er juillet 1949. Il quitte le service avec l'honorariat de son grade le 14 novembre 1954.

Rendu à la vie civile à la fin de la guerre, il s'inscrit à la Faculté de Droit de Paris et entre à l'Ecole des Hautes Etudes Commerciales dont il sort diplômé le 22 juillet 1921, 58e sur 213. Il passe sa licence en droit le 31 janvier 1922. Inscrit comme avocat stagiaire à la Cour d'Appel de Paris en février 1922, il passe en juillet suivant de l'Etude Dulud à celle de maître Levieux, administrateur et liquidateur de Sociétés.

Avec ses parents, ses frères et sa sœur, il passait depuis longtemps des vacances chez le colonel et madame de Maussion, au château de Pincé. C'est là qu'il connut Magdeleine de Falandre, nièce de madame de Maussion, qu'il épouse à Paris le 7 février 1923. C'est chez maître Levieux qu'il trouve sa voie définitive : il donne sa démission d'avocat et abandonne son doctorat en droit pour être enfin nommé le 21 juin 1926 Administrateur judiciaire et Liquidateur de Sociétés par le Tribunal de la Seine pour prendre ses fonctions le 1er janvier suivant. Le 1er janvier 1937, il devient en outre Commissaire de Sociétés agréé par la Cour d'Appel de Paris. Il installe ses bureaux 16 rue de l'Arcade.

Entre-temps, il est fait chevalier de la Légion d'Honneur le 25 décembre 1935.

En septembre 1938, à la mort de sa grand-tante et marraine, Madame Langlois, née Sophie Doléant, il hérite la propriété que celle-ci possédait au Petit-Saint-Mars, à Etampes. Elle sera malheureusement occupée durant la guerre puis pillée et saccagée au moment de la Libération. Affectée par la municipalité à une famille sans ressource, il ne put la récupérer et dut alors s'en séparer.

Quoique mis en non-disponibilité depuis février 1939 pour des raisons de santé, il demande lors de la déclaration de guerre à reprendre du service et est mobilisé comme capitaine d'artillerie le 26 octobre 1939. Il est d'abord nommé commandant de batterie, puis est ensuite affecté comme capitaine adjoint à l'Etat-Major.

Arrêté le 24 juin 1940, il est fait prisonnier de guerre et envoyé à Vannes au camp de La Bourdonnais. A la suite d'une visite médicale, il est réformé le 25 juillet par la Commission Franco-Allemande et renvoyé dans ses foyers. Ayant une occasion de passer en Angleterre, il doit y renoncer, tant en raison de ses problèmes de santé que de la nécessité de subvenir aux besoins de sa famille. Il rentre alors à Paris et reprend ses activités d'Administrateur judiciaire.

Dans une des affaires dont il doit assurer la liquidation, il est dénoncé aux Allemands. La Gestapo vient l'arrêter le 2 octobre 1942 et il est conduit au 74 avenue Foch pour les premiers interrogatoires. Il est condamné à six semaines de forteresse et le même jour il est envoyé au Fort de Romainville où il est mis au secret dans une casemate avec quarante communistes. Le 30 octobre, il est transféré par la gare de marchandise de Pantin au Camp de Royal-Lieu à Compiègne (Stalag 122). Il subit quatorze heures de trajet à trente-sept dans un wagon à bestiaux cadenassé. Ayant purgé sa condamnation, il est libéré le 16 novembre 1942.

Le 2 décembre 1958, il est promu officier de la Légion d'Honneur.

Très éprouvé par la fatigue, le surmenage et la santé, il démissionne de ses fonctions le 1er janvier 1958. Il obtient le 15 mars 1961 l'honorariat des Administrateurs judiciaires et Liquidateurs de Sociétés. Il meurt en son domicile, 53 rue d'Auteuil, le 15 juin 1962 à l'âge de 65 ans.

Il faisait partie de nombreuses associations : Compagnie des Administrateurs et Liquidateurs de Sociétés près le Tribunal de Commerce de la Seine (dont il fut président), Compagnie des Commissaires de Sociétés agréés par la Cour d'Appel de Paris, Escadron de Saint-Georges (dont il fut vice-président), Association des Membres de la Légion d'Honneur décorés au péril de leur vie, Association des officiers de réserve d'Artillerie de France, Association des Anciens Elèves d'H.E.C., Société d'Entraide des Membres de la Légion d'Honneur, Cercle National des Armées de Terre, de Mer et de l'Air (Cercle Militaire), Société Hippique de France, Société de Secours aux Blessés Militaires, Rotary Club (dont il fut secrétaire général), Syndicat d'Initiative d'Auteuil, Action Catholique des Chefs de Famille, Association des Anciens Elèves de Marneffe, Association des Anciens Elèves de Franklin-Vaugirard, Association des Anciens Elèves de l'Ecole Sainte-Geneviève, Association Nationale des Prisonniers de Guerre et Déportés de la Famille judiciaire, Société Astronomique de France.

Dans sa vie privée, des violons d'Ingres attestent d'une grande activité tournée vers une curiosité scientifique qui lui fait synthétiser de nombreuses connaissances éparses, et créer, dans le souci de les mettre intelligiblement à la portée de tous, des outils didactiques très pratiques. Parmi ses travaux, malheureusement demeurés manuscrits, on relèvera :

 

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