Les reliques de Notre Seigneur Jésus Christ données par Pierre de Boisboissel

 

Par son testament daté de 1362/1364, Pierre de Boisboissel donne à la cathédrale de Saint Brieuc et à l'église Saint Michel les reliques constituées d'un morceau de la vraie croix, d'une épine de la couronne du Christ et du sang de Notre Seigneur.

Pierre de Boisboissel, écrivit son testament en 1362. Il y fait mention des reliques de la passion de Notre Seigneur Jésus Christ qu'il offrit à l'évêque de Saint Brieuc et à l'église saint Michel. Il indique:

"item, ge donne et lesse à l'église et fabrique de Saint Brieuc, certaine partie de la Vraye Croëz où Nostre Seignour fur crucifié, et certaine partie de Son sang, selon que trové porté sera par certaine cédule escripte o ycelles parties.  (...)

"Quand je décebderoye, donne et lesse à l'église de Saint Brieuc ung joyeau d'or et de pierre dedans lequel a de lespine de Nostre Seignour fust couronné.

"Item, à l'église de S. Michiel de S. Brieuc, un autre joyeau d'or et de pierre dedans lequel a du sang de N. S. J. C.

"Veille et ordrenne que les prouffitz, aulmonnes, offerendes et émolumens, quels à lad.Espine y seroint et seront donnez, soint appliquez à la fabrique de lad. église de Saint Brieuc et non a aultre.

" lequel joeau à saint Michel ge veill et ordrenne que soit gardez par dous (deux) clercs des plus suffisans

"Fait en ma maison et manoir de la rue Saint Père, en la maczière du celier ou je cousche, et dessus lesquels escheillons lesdites Reliques seront trouvées en mes coffres".

La présence en ses coffres de ces reliques de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, objets de très grande vénération car ils éveillent en tout adorateur le don infini de la Miséricirde de Dieu, peut s'expliquer de deux façons. Ou bien les liens de confiance que la famille aurait liés avec le roi Saint-Louis depuis les croisades et qui auraient permis aux Boisboissel d'être nommés gardiens de ces reliques; ou bien le fait que Pierre de Boisboissel, capitaine du fort de Saint-Brieuc (lequel incluait la cathédrale comme élément défensif), ait choisi de les mettre en lieu sûr durant le conflit de succession de Bretagne entre les Blois-Penthièvre et les Montfort. Le fait qu'il indique posséder ces reliqueset ne fait pas allusion au fait qu'elles lui auraient été confiées par l'évêque fait résolument pencher pour la première option.


Reliquaire de la cathédrale de Saint Brieuc:

médaillon de droite, morceau de la Vraie Croix

médaillon de gauche, le Saint Bro (7cm de long): épine de la Couronne du Christ

au centre une urne en cristal contenant le précieux Sang (coagulé)

 

Actuellement dans la cathédrale de Saint Brieuc, le reliquaire ci dessus a rejoint de nouveau à la Toussaint 2008 la chapelle du Trésor de la cathédrale, anciennement appelée chapelle des Reliques, à gauche du maître autel. Elles y sont depuis exposées.


Leur sauvegarde durant la révolution

Ces reliques furent constamment vénérées au cours des siècles par les habitants de la ville. Le Saint Bro, épine de la couronne du Christ, était portée en procession lors des grandes calamités publiques, devant une affluence immense du peuple (une vieille tradition assurait que le prêtre qui portait la relique du Saint Bro devait mourir dans l'année). La parcelle de la Vraie Croix quant à elle, appartenait à la collégiale de Saint Guillaume, où elle était vénérée dans une croix de cristal, renfermée dans un reliquaire de bois argenté.

Néanmoins lors de la furie anti religieuse et destructrice de la révolution Française, des mains pieuses les soustraièrent des outrages révolutionnaires et les restituèrent en 1809: ces reliques furent vérifiées minutieusement par ordre de monseigneur de Caffarelli, le mardi 21 mars 1809, en présence du chapitre de la cathédrale, du docteur Gléyo de la Chesnaie, l'un des vieux practiciens de la ville et de plusieurs notables du clergé et des habitants.

C'est ainsi que les saintuaires légués par Pierre de Boisboissel munis de leurs cédules ou authentiques, purent être offerts à la vénération des fidèles. Un étrange fait se produisit à cette occasion,, au sujet de la relique du Précieux Sang, relaté dans le proçès verbal de vérification des reliques de la Passion: "Nous avons découvert et examiné deux petits sachets couverts d'une étoffe d'or sur laquelle on lit cette inscription: ex sanguine D. N. J. C., contenant une autre enveloppe soie bleue, où se trouve une petite quantité de matière molle grisâtre, et autour de laquelle est cette légende: extractum de sepulchro et sanguine D. N. J. C., munie d'une signature de Rome en écriture gothique. Pour éprouver cette matière, nous l'avons humectée avec quelques gouttes d'eau dans une petite cuillère. Aussitôt nous avons vu cette particule prendre une vraie couleur de sang et se liquéfier; l'appartement et la cuillère même en ont été pendant quelque temps parfumés."

Cette relique du précieux sang fut même présentée au cardinal Caprara, légât a latere en France, qui reconnut l'authenticité du fait et y ajouta l'autorité de sa signature. Il en fut de même pour la Vraie Croix et la Sainte Epine. Le tout vu et examiné, ajoute le rapport, nous avons renfermé lesdites saintes Reliques dans un Ostensoir fait en forme de Dôme, monté sur trois colonnes d'argent, au milieu duquel est une urne de cristal contenant les particules de Précieux sang, celle de la Sainte Epine sur un côté du piédestal incrusté, dans une boëtte d'argent recouverte d'un cristal, et de l'autre côté, la Relique de la sainte Croix.

D'après le procès verbal aux registres capitulaires, I, p. 50, cité dans A travers le Vieux saint Brieuc par le vicomte Arthur du Bois de La Villerabel, citant les archives départementales.

L'étrange parallèle avec les reliques de la passion acquises par Saint Louis

Lors du sac de Constantinople par les croisés en 1204, sac du à la convoitise des Vénitiens qui détournent la croisade de son but, les croisés épargnent les reliques de la chapelle Palatine du Phare, qu'ils appellent la Sainte Chapelle. En 1238, Baudouin II, empereur latin de Constantinople, propose au roi de France Saint Louis de lui engager la couronne du Christ. Pour l'énorme somme de 13134 hyperpères d'or, la précieuse relique arrive en 1239 en France. Elle est reçues par Saint Louis en personne, pied nus et dans une simple tunique blanche par humilité, le 10 Août à Sens. Le roi décide alors de construire la saint Chapelle à Paris pour accueillir de si insignes Reliques. Le 30 septembre 1241, la Vraie Croix et sept autres reliques dont le Saint Sang et la pierre du sépulcre viendront compléter une si sainte collection.

Saint Louis décida alors d'envoyer une épine de la sainte couronne à chaque évêché de France. Il est fort probable que ce sont les Boisboissel qui héritèrent de la charge de la conservation de cette relique.

La révolution en 1791 s'appropria les Reliques pour les offrir à la patrie en danger! Tout métal précieux y fut récupérer pour la fonte,et le bois de la Vraie Croix, non précieux, éparpillé ou détruit. Un dénommé Jean Bonvoisin sauva un morceau de la Vraie Croix qu'il restitua en 1805; la couronne d'épines du Christ fut heureusement épargnée et est vénérée de nos jours à Notre Dame de Paris, mais en revanche pour le Saint Sang, l'Eponge et la pierre du Saint Sépulcre, un doute subsista lors de leur restitution, doute qui fut réduit en cendres lors du pillage du bâtiment qui les abritait les 14 et 15 février 1831 lors de la seconde révolution...

D'après la conférence de Mr Jannic Durand, conservateur en chef de département des objects d'art du musée du Louvre en 2001.

 

Bénédiction des reliques par Monseigneur Fruchaud à la Toussaint 2008

Bénédiction des reliques par Mgr Fruchaud, en présence du père Le Meur, curé de la cahédrale, Toussaint 2008

 

Index: